Est-ce que boire de la bière, ça pollue ?

Pour fabriquer un simple demi de bière (25 cl), il faut 74 Litres d'eau. Et encore, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Émissions de gaz à effet de serre pendant la production et le transport, utilisation de pesticides pour faire pousser l’orge et pollution liée aux emballages, boire de la bière a bel et bien un coût environnemental. Explications.

Boire de la bière pollue pour deux raisons 

  • Tout d'abord, les matières premières utilisées pour fabriquer une bière (le malt d’orge, le dioxyde de carbone, la levure, le houblon et l’eau) seraient à l’origine de 1/3 de la pollution qu’elle génère. Par exemple, la culture du malt d’orge et sa transformation émettent de l’oxyde d’azote, un polluant aérien qui contribue à l'effet de serre.

  • Ensuite, le packaging (l'emballage, ndlr) représenterait entre 35 et 55% de la pollution liée à la bière. En fait, tout dépend du contenant (canette, bouteille, etc).

Pour donner un ordre d’idée : en 2016 deux chercheurs de l’université de Manchester ont réussi à estimer l’impact environnemental de la bière au Royaume-Uni : la consommation annuelle de bière des Anglais·es représenterait près de 1% des émissions de CO2 du pays ! Un résultat à nuancer cependant car tous les pays n’ont pas la même consommation de bière à l’année.

Entre la bière en canette et le bière en bouteille, laquelle est la plus écologique ? 

Selon une analyse comparative des emballages publiée en 2021 par Carbon trust et financée par l’entreprise Coca-Cola (grand utilisateur de cannettes et de bouteilles en verre) :

  • 1 canette en aluminum représente 60 g d’équivalent CO2 pour 33 cl de boisson

  • 1 bouteille en verre représente 120 g d’équivalent CO2 pour le même volume

La plus grosse part de l’impact carbone est due à la production du contenant (le fameux packaging). Et comme la canette en aluminium est 20 fois plus légère que la bouteille, la fabriquer pollue moins. Il en va de même pour le transport : plus une cargaison est lourde, plus il faut de carburant pour la transporter (ce qui émet plus de gaz à effet de serre).

Cependant, il ne faut pas oublier que l’aluminium est fabriqué à partir de la bauxite (un minerai dont l'extraction cause bien plus de dégâts environnementaux que le verre, fabriqué à partir de la silice (un autre minéral) qui lui est bien plus accessible.

La vraie solution serait d’utiliser des bouteilles en verre réutilisables ou consignées. Sur l’analyse comparative de Carbon trust, cet emballage affiche environ 40 g d’équivalent CO2 et même s’il pourrait y avoir des dépenses d’énergies liées au transport des bouteilles vides, c’est à l’heure actuelle le contenant le plus écologique pour la bière.

Vers une pénurie de bière dans le monde ?

Cela pourrait être un des effets induit par le réchauffement climatique. La bière étant fabriquée à partir d’une plante qui s’appelle l’orge, la multiplication et l’intensification des épisodes de sécheresses dans le monde pourraient impacter l'ensemble de la production mondiale.  Selon une étude, les rendements futurs pourraient même baisser de 3 à 17% sur Terre d’ici la fin du siècle. 

Polluer moins et continuer à boire de la bière : y a des solutions ? 

  • La meilleure alternative serait de troquer la bière pour un cidre bio et local : c’est un alcool simple à produire car il est issu de la fermentation naturelle des pommes. De plus, il n’y a pas de distillation, donc pas d’énergie nécessaire pour en produire. En France, il y a énormément de vergers qui sont des espaces bien plus accueillants pour la biodiversité que les cultures d’orge.

  • Privilégier les bières artisanales et produites localement permet de diminuer leurs empreintes carbone.

  • La bière en pression est plus écologique que celle en bouteille ou en canette car le fût est rechargeable.

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